Le linge ancien
Publié le 25 Janvier 2016
En ce moment on vide les maisons des grands parents et comme chez beaucoup d'entre nous, ces maisons renferment des trésors anciens certes mais quand même des petites pépites qui peuvent être transformées pour s'intégrer dans votre intérieur.
Voici quelques exemples de ce que l'on peut trouver dans les greniers et placards oubliés chez les grands parents.
Je voulais revenir un petit peu sur l'histoire de ces magnifiques linges que j'affectionne particulièrement. Très souvent ces linges sont brodés avec des initiales, bien entendu ces broderies sont réalisées à la main par les générations précédentes et il est fort probable que les générations futures ne sauront pas broder car c'est beaucoup moins intéressant que les jeux vidéos ou la télé... (quel dommage).
En Europe, au 19ès, savoir broder était gage de bonne éducation chez les jeunes filles. Les pauvres brodaient pour gagner quelques sous. Les bourgeoises et les aristocrates maniaient l'aiguille comme un passe temps.
Une origine décorative mais surtout utile.
Loin des conditions d'hygiène actuelle où l'on se change tous les jours, au 19ès, on ne changeait de vêtements que tous les 8 jours et cela était considéré comme fréquent. C'est pourquoi chaque foyer devait disposer d'une quantité de linge de maison afin de tenir jusqu'à la prochaine grande lessive qui s'effectue généralement deux fois pas an quand la météo est propice. Il n'y avait pas de machine à laver, les femmes allaient à la rivière ou au lavoir. La grande lessive du printemps porte bien son nom, puisque la saison est favorable: l'eau n'est plus gelées et le linge peut sécher facilement dehors plutôt qu'à la chaleur des cheminées qui servent à chauffer les petites maisonnées. Par ailleurs, aux autres saisons, nombre de femmes sont occupées aux autres travaux domestiques et agricoles.
Il faut ainsi pouvoir reconnaître aisément le linge de chacune au moment de ces grandes lessives. Voici donc l'apparition du linge dit "marqué", brodé aux initiales de la fiancée, ou des deux futurs époux si les fiançailles sont longues.
Par ailleurs, les chiffres servent à apparier et à numéroter les draps. Chaque paire est composée de son drap de dessous et de son drap de dessus. Les draps du trousseau sont assemblés deux par deux. Les numéroter permet de les faire tourner. On gère ainsi l'usure mais on camptabilise aussi le linge, qui coûte très cher.
Un savoir-faire qui s'apprend dès l'enfance.
La jeune fille commence avec les marquoirs. Toute jeune femme de bonne éducation doit savoir broder à la perfection. Elle commence son apprentissage à l'école avec les "marquoirs", morceaux d'etoffe sur lesquels elle brode au "point de marque" (ancètre du point de compté) les lettres de l'alphabet et les chiffres. Elle y marque également son nom, prénom et année de réalisation; un bon exercice d'écriture, de calcul et d'apprentissage de son rôle de maîtresse de maison. Il servira de référence lorsqu'une fois mariée, elle souhaitera agrandir ou renouveler son trousseau.
La réalisation du trousseau était également un acte symbolique. En apposant des lettres de couleur "rouge sang" sur le tissu, l'écolière alors âgée d'une douzaine d'années, inaugurait le passage dans sa vie de femme. En outre, la marque est toujours réalisée en rouge car cette couleur résiste bien aux nombreux lavages.
Puis vient le temps de préparer son trousseau. Il est réalisé à l'aide de la mère. Cela prend du temps, une dizaine d'années environ, après la communion de la fillette ou après avoir quitté l'école. Le terme trousseau vient du vieux français "trousser" qui signifie "mettre en paquet". Le trousseau était donc un "paquet de linge" que la jeune fille emportait en quittant ses parents pour se marier et devenir maîtresse de maison.
Sa composition est très précise.
Le linge de maison:
- 18 paires de draps
- 30 taies d'oreillers
- 2 douzaines de tabliers
- 8 douzaines de torchons
- 4 douzaines de serviettes de toilettes
- 5 douzaines de serviettes de table
- 5 nappes.
Linge de corps:
- 24 chemises
- 12 pantalons
- 2 combinaisons
- 8 cache corsets
- 8 jupons
- 2 mationées
- 48 mouchoirs
- 18 paires de bas
Aujourd'hui ce trousseau de jeune fille n'existe plus sous sa forme ancienne. Mais je trouve tout de même que ce linge brodé ne devrait pas perdre. C'est pourquoi je vous propose un exemple de détournement de draps brodés.
Généralement ils sont grands, donc avec deux draps je vous propose de faire des doubles rideaux. Cela donne un charme fou à une pièce comme par exemple une chambre. Bien sur, il faut aimer le style ancien...
Avec deux draps, vous pouvez également faire une housse de couette que personne d'autre n'aura. Pour cela il faut savoir se servir d'une machine à coudre et assembler donc les deux draps sur trois côtés, puis sur le 4èm côté, vous pouvez faire une boutonnière ou alors coudre des rubans afin de faire des noeuds en fermeture.
J'ai également trouvé sur internet des modèles de coussins ou housse de coussin réalisés avec des vieux draps brodés, bien entendu vous pouvez toujours embellir avec des tissus à motifs et des dentelles anciennes.